Où ... ? Dans ma caverne

Me cherchez pas, je suis au fond de ma caverne.
C'est comme ça, je traverse des phases de misanthropie aigüe, sans raison apparente.
Les symptômes persistent rarement et la vie gaie reprend vite le dessus.

Mais c'est un fait ... les fêtes de fin d'année ne me mettent pas en joie et je n'aime pas les voeux.

Pourtant j'aime les décorations de noël, les illuminations, les gâteaux à la canelle, chercher le cadeau personnel qui fera plaisir.
ça c'est le petit ange tout blanc qui frétille sur mon épaule gauche.

Et à droite, le diablotin, celui qui fait parti de la masse de ceux qui ne veulent pas faire partie de la masse et qui va à contre-courant. Et lui, il pourrit mon groove.
Il sème du cafard et du blues sur le trottoir.

Et la lutte est âpre entre des deux lutins.

Paroxysme pour le 31 décembre : là le diablotin gagne à tout les coups, l'ange se ralie à sa cause.
J'ai fait des tas de 31, parfois assez naze je l'avoue.

Le pire de tous : celui où je réunis tous les gens que j'aime dans une soirée tranquille. Feu de cheminée et jeu de société.
Tout devrait rouler, chacun est censé être habité par la magie (et en plus on passe en l'an 2000...).
Quand tout à coup, c'est le drâme.
Alors que ceux qui était estampillés chieurs se tienne à carreau et sont même très bon vivants, ceux qui habituellement sont plutôt de bonne composition deviennent des chieurs!

Bon, je caricature beaucoup la soirée c'est vrai. Mais vu à travers mon prisme de bonnes intentions, je l'ai très mal vécu ce 31 et juré de ne plus en faire.

Et d'ailleurs depuis, j'ai eu un 31 polonais (cuisine approximative et assiette en cartons moches), avec peu de gens, mais en total laisser-aller, que du bonheur.
J'ai aussi eu un 31 petit-déj (mieux que le champagne, le chocolat chaud/tartines), avec visionnage Monty Python,
Le 31 en amoureux tous seuls, repas traiteur maison, squattage chez amie très proche et compatissante.

Et ce dernier 31?
Ah celui là était pourri socialement dès le départ donc aucun soucis. C'était prévu, planifié.
Voyage organisé à Venise, donc avec plein de gens qu'on ne connaît pas et qu'on ne veut pas connaître (on voulait juste aller à Venise...). Donc 31 organisé avec tables, champagne et groupe tout pourri. Le summum : un écran géant avec la Raï Uno, ses animatrices en doudoune (températures négatives partout) et ses pubs.
Mais nous on s'en fout, à minuit on boit le champagne, engouffre le panettone rituel, bonne année tout le monde et hop...entre la table et la piste de danse on s'enfuit, on disparait ...
Le 31 seuls au monde dans une chambre d'hôtel silencieuse c'est pas mal non plus.
Et énorme avantage : mon portable n'a pas de réseau là-bas, donc personne ne peut me reprocher de le laisser éteint (ce que je fais lorsque je suis en France, shabbat du portable jusqu'au 2 janvier ... au moins.)

Mais supporter le 31 ce n'est pas tout, il faut s'enquiller les voeux durant perpète ...
Et là, j'aimerais juste disparaître et revenir le 1er février.

Mercredi, retour en France.
Passée la frontière, le téléphone est immédiatement assailli de 10 messages. 1 seul est personnalisé (que soit bénie celle qui l'a fait), les autres sont des "envoyer à tout le répertoire". J'ai même des messages de gens dont je n'ai plus le numéro en mémoire (c'est dire si j'ai envie qu'ils souhaitent la bonne année ceux là!!).
Je vous le dis tout net, je n'ai répondu à aucun. Juste Parents et Soeurette pour dire que tout allait bien.

Et ça ne date pas d'hier cette répulsion.
ça date de 3 ou 4 ans ...

Cette année là ...

Bon il faut que je vous remette dans le contexte d'un temps que les moins de 15 ans ne connaissent pas.
Celui où on s'envoyait des cartes de voeux sur PAPIER! (ouep, je suis si vieille que ça messieurs dames!).
Et je prenais plaisir à en envoyer, à répondre, et à afficher au mur ceux que je recevais. C'était ma déco d'après noël, ça remplaçait les guirlandes jusqu'à Pâques.
Et vint le temps du portable et d'internet, joie de la découverte, facilité. Et par mail on peut envoyer des cartes animées, c'est original et très sympa.
Sauf que ça ne se garde pas.
ça s'efface et disparaît dans les 2 jours qui suivent.

Lassée du caractère éphémère de la chose, je prends donc un beau matin de début janvier la ferme résolution d'écrire de jolies cartes à tous les gens proches et chers à mon coeur.
Je me suis même payé le luxe de mettre de petits mots persos, formules rédigées en pensant au destinataire.
Je dégoulinais de bons sentiments et la moindre virgule était tracée avec mon âme (je vous jure que j'exagère pas ... ou à peine ... en y repensant ... non même pas ... tout est vrai).

Et je les ai timbrées, postées, envoyées.
Et les gens les ont reçues.
Certains m'ont confirmé les avoir reçues.
M'ont dit que c'était vraiment très sympa, chouette, bonne idée, génial!!

Mais vous savez quoi?
Mon mur est resté vide d'affichage.
Pas un seul péquin pour m'envoyer une jolie carte peinte avec la bouche.

Juste mes Vieilles, grand mère et grands tantes adorables, qui sont restées à l'heure de la plume et qui daigne passer plus de 5 min et payer un timbre pour m'envoyer un jolie carte peinte avec les pieds.

Sur le coup ça m'a déçue.
Et au final ça m'a boulé.
Et qu'en plus de m'être entendue dire que c'était une bonne idée, à l'air du numérique de repasser au papier!!!
Si c'est une si bonne idée, faites le aussi menfin!!!!!

Et du coup ...
Le 1er janvier d'après je suis repassée à l'envoi sms.
Et par la suite, j'ai commencé à limiter mes envois aux seuls réponses.
Et l'an dernier, après un shabbat du portable d'1 semaine, j'ai juste dit bonne année aux gens que je voyais ou à ceux auxquels je téléphonais. Parce que là on peut y mettre des vrais mots, des intonations et des sentiments.


Et cette année...
je vous avoue, je fuis.
Au compte goutte je distribue les voeux.
Pas que je n'aime pas les gens,
juste qu'à force de brasser des "Bonanébon'santé", on les vide de sens.
Et que pour beaucoup, je préfère souhaiter "Meilleure année".

Et quelque part aussi parce que je me dis qu'on a du souhaiter une "Bonne année 2007" à Pavarotti, Bergman, Benazir Buto,
une "Heureuse année" à tous ceux qui se sont retrouvé dans la rue du jour au lendemain parce qu'ici on ne prête qu'aux riches.
alors franchement,
j'ai envie d'être radine de bonne année.

Je ferais juste des voeux, personnels, à ceux que je côtoies, que je rencontre. Parce que malgré tout ça se fait, c'est comme ça.
Mais je ne tirerai pas la première!! J'attendrai qu'on ouvre le feu. Avec un peu de chance, certains oublieront






Bon,
Meilleure année quand même à tous ceux qui ont essuyé des tempêtes, et les autres, tâchez d'être heureux!

Et les voeux c'est aussi l'occasion de reprendre contact avec des gens perdus de vue ou éloignés.
Tout n'est pas à jeter... (et voilà que je me rebonifie beurkk!!, pas moyen d'être mauvaise jusqu'au bout!!)