lundi 6 juillet 2009

États de grâce et tas de grasse ...

6 heures de bateau, ça laisse du temps pour réfléchir, respirer, lire, regarder les gens. En particulier cette petite fille qui tente de descendre du fauteuil tête la première.


SNCM, le Corse.

Je l'ai parcouru de long en large et en hauteur pour trouver une prise électrique.

Je me retrouve donc dans la bar, assise par terre (moquette, poussière, climatisation je pressens une fin de journée mouchoir).

De toute manière je préfère être par terre. Mes pieds touchent rarement le sol lorsque je suis sur une chaise ou un canapé. Par terre en tailleur, jambes repliées. Et les gens nous voient moins (sauf quand ils trébuchent, attention monsieur je suis là… oups trop tard).


Par terre sur un bateau on sent encore mieux toutes les vibrations. Massages à moindre frais.


Et à terre on est à hauteur d'enfant. Ce sont sans doute les seuls qui passent et qui ne font pas semblant de ne pas me voir. Et eux, ils sourient. D'eux-mêmes ou en retour. Ils n'ont pas honte de sourire. Ils savent encore que ça fait du bien un sourire. C'est gratuit et ça éclaire mieux que le soleil. Dans quelques années ils l'auront oublié ou bien ils seront comme moi : on les regardera bizarrement dans la rue, on se retournera sur leur passage parce qu'ils sourient.


Oui, toute seule, en marchant dans la rue, je souris. Parfois même je fredonne.

Parce que la musique dans mon casque me fait du bien. Parce que rentre chez moi retrouver mon amour. Parce que j'ai acheté un livre. Parce que j'ai vu un ami. Parce qu'il fait beau. Parce que je suis bien.

Ou parce que je suis mal et que sourire gratuitement est le début de la guérison. Ma bouée pour ne pas sombrer.


Je ne comprenais pas pourquoi on me regardait fixement. Un homme, admettons. C'est même arrivé qu'on me dise le temps de compter trois pas : « Bonjour , vous êtes mignonne. ».

C'est agréable. Je l'ai pris comme c'était : un compliment gratuit. Ou un plan drague moisi. Qu'importe. Ça fait du bien. C'est tout. De toute façon aucun de nous ne s'est arrêté, à peine ralenti. « Merci. », sourire. Petit bonheur du jour pour moi.


Un homme de temps à autre soit. Un ado, passe encore (tant que j'ai encore l'air de passer le bac, profitons en).

Mais des mâles, des femelles, tous les jours (enfin, surtout le mercredi jour de sortie en ville).

Ça commence à faire drôle.

Et de vérifier que je n'ai pas un bout de patate collé sur la joue, la chemise ouverte, les cheveux verts, en chausson, en pyjama. Non rien, juste normale.

Alors pourquoi me regardent-t-il?

Pourquoi ce gars là a-t-il failli se prendre un poteau à ne pas regarder où il va?


C'est Ma Anne qui, un jour de voyage par chez moi, a trouvé la faille.

Parce qu'elle a la même que moi.

La même tare, le même truc exotique.

La même bizarrerie qui fait qu'on se retourne sur son passage.

Elle sourit.


Alors qu'on ne se retournera pas sur les gens qui font la gueule (je pèse mon mot).

Et c'est tant mieux. Oublions les. La journée est déjà assez pourrie comme ça, n'en rajoutons pas.


Faire la gueule ne résoudra rien positivement, c'est scientifiquement prouvé. Ça nous enfonce juste un peu plus dedans. Il y en a qui on essayé. Et qui aiment ça. Tant mieux pour eux. Mais qu'ils ne se plaignent pas d'être malheureux alors. Ils le cultivent. Ils sèment puis récoltent.

Lorsqu'ils touchent le fond, se mettent à creuser. D'autres préfèrent donner un coup de pied et remonter. J'ai suffisamment creusé en mon temps pour savoir qu'il n'y a rien de mieux en dessous. C'est juste pire.



Et vous, vous êtes plutôt pelle et pioche ou gros godillot de sécurité?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

ben alors tu es de celles qui ne se dépossèdent pas de leur âme d'enfant, de celles qui offrent généreusement leur sourire envers et contre tout. Et pourtant je lis partout dans tes mots une profonde tristesse, une impression d'être une Extra terrestre, de ne te sentir vraiment bien que dans un espace réinventé pour toi, par toi..
Tu sais, ils sont en fait très nombreux les gens qui sourient, les malicieux, les heureux, les qui nous tendent la perche de leur bonne humeur. Ceux qui mettent de la fantaisie dans leur vie et dans celle des autres. Ils se sentent aussi souvent ignorés, invisibles, même des autres qui sourient. car sourire pour soi, en soi, même si cela s'affiche sur le visage, cela reste bien souvent une barrière. Un univers qui nous exclue.
Il y a une ribambelle de coeurs joyeux qui rient en silence.
On a juste tous oublié d'être contagieux dans ces cas là.
Tu écris vraiment bien et je sens que tu veux faire passer du positif, du parti pris du bonheur et pourtant cela transparaît à travers une forme d'amertume et de rejet ou de renonciation. Je me trompe sûrement, je me trompe souvent.
désolée pour ce long message :)
j'ai l'impression d'une chrysalide, plus si bien que ça dans son cocon.
Cela sent bientôt des mots de papillon qui s'envole.
Wal'

Chris a dit…

Tu ne te trompe jamais Wal.
Pas sur ces sujets là, pas dans ces zones de développement.
Pas comme ça.
Pas avec ces mots.

Une extra-terrestre certainement.
J'étais très myope et j'aimais enlever mes lunettes dans la foule.
Les sons s'atténuaient, les choses devenaient des tâches de couleur brumeuses.
J'étais avec les gens, mais à côté.
J'adorais ça.

Un papillon bientôt, je l'espère.
Je commence à me sentir à l'étroit.

C'est surtout je pense que je suis entre deux eaux. Pas encore d'un endroit, et plus d'un autre.
Tout le reste va avec.

Anonyme a dit…

J'espère te relire bientôt, avec dans tes mots cette force, cette profondeur que tu y donnes mais empreints enfin de la légèreté du papillon, qui découvre tout de la haut et peut s'enivrer de fleurs terrestres quand il le souhaite.
mais évidemment avec une longévité à faire pâlir tous les papillons colorés du monde !!
C'est pas si facile là, mais c'est parce que tu arrives au bout de quelque chose.
A bientôt
wal'

Chris a dit…

Tant que ce n'est pas au bout du rouleau ...
:-D

Anonyme a dit…

Gamine va !! :d
Plein de bisous

Le mot c'est gatatis. Ça nous va bien lol